Technique ski – L’angle entre le pied et le ski

L’angle entre le pied et le ski a une incidence non négligeable sur l’action du skieur et la réaction du ski. Selon le physique du skieur et le type de ski pratiqué, les uns préférons un angle faible et les autres un angle prononcé.

Angle entre le pied et le ski
© Le Pays de neige


JUIGNET, Patrick. L’angle entre le pied et le ski. In : Le Pays de neige. 30/05/2020. URL : https://paysdeneige.fr/angle-delta-ski-chaussure


1- L’angle entre le pied et le ski

Qu’est-ce donc que l’angle de rampe ?

Il n’y a pas de définition officielle. Ce terme angle de rampe désigne parfois l’angle entre le pied et le ski, ou celui donné au pied uniquement par la chaussure. Nous préciserons à chaque fois de quel angle nous parlons.

L’angle entre la plante du pied et le ski affecte les muscles et, surtout, il joue sur la capacité à appliquer une force sur la partie avant du ski. Ceci a de l’importance dans le ski hors piste pour bien doser l’appui sur la spatule et utiliser finement cet appui dans les neiges molles.

L’angle entre le pied et le ski dépend de :
1) L’angle du fond de coque de la chaussure et surtout celui de la semelle interne sur laquelle la plante du pied repose dit angle de rampe de la chaussure.
2) L’angle donné par la fixation à la chaussure dit « angle delta ». Dans les fixations de randonnée, il y a de grosses différences d’une fixation à l’autre.
2) L’angle créé par les plaques sur lesquelles reposent les fixations (s’il y en a).

L’angle delta, qui est dû à la fixation, s’ajoute à l’angle de rampe de la chaussure. Les deux combinés déplacent légèrement le centre de gravité du skieur et surtout ils modifient l’appui du pied sur le ski. Pour les deux ensemble, Lou Dawson propose de parler de l’ «angle de rampe combiné ».

Dans cet article, nous partons du principe suivant :

Angle entre le pied et le ski = angle de rampe de la chaussure + angle delta donné par la fixation

L’angle Delta

Il vient de la différence de hauteur entre la butée et la talonnière.

Les évolutions récentes des fixations de randonnée ont entraîné une modification de cet angle.

Fixation avec angle delta important

Fixation avec angle delta faible

Plutôt que l’angle, pour simplifier, on mesure la différence de hauteur entre l’avant et le talon de la chaussure en se fiant aux « pins », que l’on nomme aussi le « delta ». Quelques exemples :

FixationHauteur avant pied en mmHauteur talon en mmDelta en mm
Atomic Backland30.539+8.5
Dynafit Radical ST/FT35.550.5+15
Dynafit Rotation 73850.5+12.5
Dynafit Rotation 10/123851+13
Dynafit Speed Radical2945+16
Fritschi Tecton41.551.5+10
Fritschi Vipec41.551.5+10
Fritschi Xenic32.547+14.5
Marker Alpinist3436+2
Marker Kingpin4150.5+9.5
Plum Guide29.547.5+18
Plum Summit4053.5+13.5
Delta selon les fixations

Note : Attention d’une année sur l’autre les modèles peuvent évoluer et ces valeurs ne seront plus d’actualité. Il faut vérifier sur vos propres fixations.

Si on traduit ces différences de hauteurs en angle, pour une distance butée/talonnière de 30 cm, on trouve :
5 mm, angle correspondant : 0° 57′
10 mm, angle correspondant : 1° 54
15 mm, angle correspondant : 2 ° 51

Si la semelle de la chaussure est longue, l’angle delta sera plus faible et si elle est courte l’angle delta sera plus important. Exemple : pour une semelle de 24 cm, avec 10 mm de différence, l’angle correspondant est 2° 23′ (contre 1° 54 pour la semelle de 30 cm).

Calcul : hauteur delta /longueur semelle = sinus de l’angle delta.

L’angle de rampe de la chaussure

La chaussure à ses propres caractéristiques. Elle participe à l’inclinaison du pied avec les angles dus à la coque et la semelle interne. L’angle de rampe de la chaussure (coque + semelles externe et interne confondues) est généralement situé entre 1° à 6°.

Trois facteurs interviennent :
– La semelle externe et la coque. La combinaison des deux donne un angle faible, de 0° à 1° selon les chaussures.
– La semelle interne, située entre la coque et le chausson, qui constitue la plateforme sur laquelle repose le chausson. L’angle d’inclinaison vers l’avant donné par cette semelle peut être de 0º à 6°.
– Parfois, une semelle conformable spéciale placé dans le chausson a un angle (faible de 0° à 1°).

Globalement, d’une chaussure à l’autre la différence est importante.

Exemple chez Scarpa de l’angle de rampe donné par la chaussure (c’est un des rares fabricants à l’indiquer) :

  • Maestrale RS, environ 4°
  • Maestrale XT, environ 6°
  • F1 XT environ 3,5°

L’angle donné par la semelle interne incline le pied en avant et par conséquent diminue la flexion de la cheville. Il donne une position différente au pied et à la cheville. Plus il est important, plus l’appui sur l’avant-pied sera important, ce qui convient mieux à certains skieurs.

On notera que l’angle de la semelle interne ne modifie pas l’angle entre la jambe et le ski. Par exemple, si on a un delta de 2° et un angle collier/sabot de 13°, l’angle du tibia par rapport à la verticale sera de 15°, quelle que soit la position du pied donnée par la semelle interne (Pour plus de précisions, voir l’article : L’angle entre la jambe et le ski).

Le problème posé par l’angle entre le pied et le ski

La combinaison fixation/chaussure impose un angle entre le pied et le ski qui peut convenir ou pas.

L’effet de l’angle pied/ski est double : Il déplace légèrement le centre de gravité du skieur devant, derrière, ou à l’aplomb du point de centrage prévu pour le ski (voir Note).

Il modifie l’angle entre la jambe et le ski.

Note : On admet pour simplifier que la marque posée par le fabriquant sur le ski est au bon endroit et correspond à peu près au centre de gravité du skieur en bonne position, et au milieu de la chaussure et au centre de pivotement du ski.

Delta important avec une fixation Dynafit ST
© Le Pays de neige

Tout le problème est de juger si l’angle pied/ski, imposé par le matériel, convient ou pas au skieur et s’il ne convient pas d’arriver à le modifier.

Les solutions au problème d’un angle pied/ski inadapté

Il y a plusieurs manières de compenser un angle pied/ski inadéquat.

1 – Jouer sur la chaussure

Modifier le réglage du collier

Une manière simple de compenser (pas de modifier !) un angle pied/ski inadéquat est de régler l’angle du collier de la chaussure. Pour un angle trop important, on diminue l’angle d’inclinaison du collier et pour un angle insuffisant, on l’augmente.

On remarquera que dans le cas de modification de l’angle du collier, la flexion de la cheville change, ce qui aura un effet sur la conduite du ski. Mais ça peut déjà apporter une amélioration notable et suffisante. Cela dépend alors des possibilités de réglage du collier de la chaussure.

Certaines chaussures ont un angle de collier réglable avec deux ou trois positions ce qui rend l’opération facile. Mais certaines chaussures n’en ont pas, ou ont un réglage insuffisant.

Si, après réglage, l’inclinaison du collier vers l’avant reste insuffisante, ou si ce réglage est impossible, il reste la solution de mettre un spoiler à l’arrière du chausson. C’est un procédé facile et réversible.

2 – Modifier la pose de la fixation

Modifier le centrage

Il est envisageable de modifier le montage de la fixation, mais cela demande des calculs précis. Il s’agit d’avancer ou de reculer la fixation pour modifier le centrage. Selon le cas, ça peut aller de 1 à 5 cm et il ne faut pas se tromper. Là aussi, c’est une manière de compenser pas de modifier.

Inconvénient, si vous changez de chaussures, ce réglage n’ira peut être plus ! Cette modification change la position du centre de gravité ce qui compense un peu, mais ne changera pas l’angle et donc pas les forces d’appui sur l’avant du ski. C’est un procédé à éviter, car il peut modifier l’équilibre de manière inappropriée.

Mettre une rehausse

On peut mettre une plaque sous la talonnière ou sous la butée de façon à ajuster l’angle delta. Cette cale peut être de 0,3 à 0,6 cm. L’avantage avec ce procédé, c’est que l’on conserve le centrage de la chaussure. Une solution efficace pour modifier l’angle entre le pied et le ski, mais avec l’inconvénient de repercer le ski si on ne l’a pas prévu au départ.

Certains fabricants, comme Dynafit, fournissent des plaques de rehausse pour leur talonnières. Ces plaques sont en moyenne de 5 mm.

Conclusion : une bonne coordination entre fixation et chaussure

Il n’y pas de règle. Le « bon » angle entre le pied et le ski dépend du skieur, de sa pratique et du modèle de ski utilisé. C’est un réglage personnel. Il a une importance non négligeable car une mauvaise position sera un handicap. Elle diminuera l’efficacité et forcera le skieur à compenser en permanence.

La bonne coordination entre la fixation, le modèle de chaussure et le type de ski est à prendre en compte au moment de l’achat. Il faut se renseigner sur les différents angles et juger si la combinaison convient à ce que l’on souhaite. Si le résultat n’est pas bon, la rectification imposera des aménagements divers, qui demanderont un peu de temps et de savoir-faire.

Webographie :

DAWSON Lou. Ski boot binding and delta angles. In : Wildsnow. 2016. URL : https://www.wildsnow.com/10733/get-up-rise-up-stand-up-for-your-ramp/

DAWSON Lou. How elastic is the plastic? Tech Bindint research. In : Wildsnow. URL : https://www.wildsnow.com/20514/tech-binding-elasticity-travel/

JBO. Binding Pin Heights. In : Skimo. 2020. URL : https://skimo.co/pin-heights

Delta et taille des fixations : http://www.alpcontrol.com/montage.pdf

Delta et taille fixations ATK : https://www.atkbindings.com/wp-content/uploads/2019/10/drop-and-heel-raisers.pdf

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